La pensée molle – une tentative de sursaut avant l’effondrement

Ladyfest | Théâtre - Etape de travail

samedi 27 mai

La pensée molle – une tentative de sursaut avant l’effondrement | Festival

Réserver

Dans le cadre du festival Ladyfest BXL

« Mou » Définition : Nom vulgaire du poumon de certains animaux, et particulièrement du veau.

Ce spectacle a commencé à prendre racine dans une colère sourde : celle de nos corps assignés à résidence pendant le Covid. Mais aussi celle de mon cerveau, qui semblait perdre de sa plasticité à mesure que la confrontation avec d’autres points de vue se voyait réduite, empêchée. J’habitais à l’époque entourée de plusieurs personnes, de plusieurs cerveaux ; je me suis mise à l’apprentissage d’une nouvelle langue ; je lisais. Mais le manque de lien avec le monde extérieur appauvrissait mon langage, ma pensée, jusqu’à la complexité de ma grammaire. J’en venais à oublier des mots. A échelle intime, j’assistais au spectacle navrant de l’embourbement de mon cerveau et de sa crétinisation forcée. Mais à échelle politique, se jouait un spectacle de bien piètre qualité également. Les termes d'«héroïsme» et de « résilience », mots nobles devenus fourre-tout inépuisables et obscènes, n'ont pas empêché certains de nos décideurs de mettre au chômage, entre deux vagues, des infirmières de plus de 30 ans de métier.

Cette performance en cours d’écriture veut mettre en parallèle ce qui s’est joué dans nos crânes à ce moment-là, et ce qui se joue depuis plus d’une vingtaine d’années à grande échelle : le vacillement et la destruction progressive des services publics. Pour cela, je m’inspire des mots de Matéo Alaluf dans son livre Contre la pensée molle, Dictionnaire du prêt-à-penser : « Il fallait une pensée molle - qui englue le cerveau social, qui rende tout simplement imprononçables et interdits de séjour mental tout terme qui s’oppose à la marchandisation de la société - il n’y a pas et il ne peut plus y avoir d’alternative : services publics, écoles, justice, culture, tout doit y passer. »

Quels sont les endroits du « prêt-à-penser » que nous acceptons, véhiculons, reproduisons? A quel moment le langage s’est-il « retourné » selon les termes d’Annie Lebrun dans son ouvrage Du Trop de Réalité ? A quel moment avons-nous cessé de lutter contre l’utilisation de mots vidés de leur sève, faisant perdre, par là, notre boussole à nos pensées, à nos corps, à notre rapport aux autres? Dans cette performance, une voix va tenter de s’attaquer à cette paroi de la pensée molle, quitte à s'y fracasser... Bienvenue.

Regard dramaturgique: Stéphane Menti

Avec l'aide du Boson, du Corridor, et de la Fédération Wallonie-Bruxelles/ Service du Conte"

Comédienne, metteuse en scène, dramaturge de théâtre, amoureuse de poésie et de slam. Brune Bazin se forme à l’Ecole du Jeu (à Paris) puis à l’ESACT à Liège. C’est avant tout en tant qu’actrice, par le corps, le jeu, qu’elle aborde le rapport au plateau. Elle est passionnée autant par le théâtre dit « de texte » (qu’il soit classique ou contemporain), que pour le théâtre d’improvisation et les formes plus "populaires" (donc plus nobles ;)) destinées aux arts de la rue. Diplômée depuis 2017, elle travaille régulièrement pour la metteuse en scène Adeline Rosenstein dans le projet Laboratoire-Poison, et au sein de différents collectifs. Membre du « Groupe Matériau », elle crée avec celui-ci Hamlet sauvé.e des Os au théâtre Océan-Nord en novembre 2022. Avec le collectif « La Radure », situé à Liège, elle crée actuellement Macrales, un spectacle destiné à la rue. Metteuse en scène, elle crée en avril 2023 le spectacle Les Lois, pièce de l’autrice Christina Ouzounidis, au Festival Emulation à Liège. Brune Bazin écrit aussi pour le théâtre. Son premier texte, Trous Noirs, une quadrature, est né en 2020 dans le cadre de son expérience d'élève-dramaturge de l’Ecole des Maîtres en 2020. De prochains sont en germe. Brune Bazin se passionne pour le training (d’acteur•ices professionnel•les ou amateur•rices) qu'elle propose régulièrement dans différents cadre, et mène également des ateliers d'écriture. Elle cherche à inscrire ses questionnements artistiques dans le cadre d’une pratique militante (notamment en tant que membre du collectif F(s), du mouvement M.E.T.A.L– Mouvement des Etudiant•e•s et Travailleur•se•s des Arts en Lutte ; ou encore au sein du mouvement Still Standing). La performance en cours de création, La pensée molle – une tentative de sursaut avant l’effondrement se situe à la croisée entre ces différentes pratiques.